. . .en 1929
Cela fait un certain temps, que j'avais envie de partager cette note : Les Bars et Cabarets de Paris, vus par SEM, un caricaturiste des années 1920 - j'aime ces dessins, tout autant que les textes qui les décrivent
Bars et Cabaret de Paris foisonnent , la guerre est finie, les étrangers se sont rués sur Paris, qui s'est organisé pour les recevoir.
On vit sortir de terre dans tous les quartiers , particulièrement à Montmartre et à Montparnasse, des rôtisseries, des tournebrides, des posadas, des trattorias, . .le genre " hostellerie" sévit furieusement. Sur les murs renaissent toutes les enseignes du vieux Paris, les bécasses et les bécassines, les canards sauvages et les canetons, les écrevisses et les escargots, les poules au pot et les coqs hardis, les ânes rouges et les chevaux blancs et même pie, bref, toute la faune des vieilles auberges de l'ancienne France
Négligeons ce pittoresque un peu factice et visitons les restaurants plus authentiques . Suivez le guide
Le bar du Traktir
Quel joli bar tout fleuri de crevettes en bouquet et de deux hautes gerbes de roses. Chacun picore à sa guise dans l'assiette du voisin ou de la voisine avec une franche camaraderie. C'est charmant de voir les jeunes filles décortiquer du bout des doigt les crevettes aussi roses et brillantes que leurs ongles vernis à la poudre de corail ...
Le restaurant Chinois
Le couvert est mis sur une nappe en papier. A côté de l'assiette et du bol sans anse, une cuillère de porcelaine à manche très court et deux baguettes traditionnelles qui tiennent lieu de fourchette. . .
Un bar aux abattoirs de la Villette
Midi : c'est l'heure où les tueurs vont boire. Dans leur effrayante tenue de travail, raide de sang coagulé, un verre de rouge au poing, Autour d'eux, devant le zinc, se pressent leurs aides, les écorcheurs, aux bras nus éclaboussés de rouge. Ils portent, fixée à la hanche par une courroie , " la boutique " sorte de gaine en bois où luisent, rangés par taille, les couteaux et les coutelas. Leurs pieds sont chaussés à cru de galoches gluantes, comme vernies au vermillon. Les grandes coquettes des abattoirs "les cochonnières" : cheveux à la garçonne, perles aux oreilles et au cou . . .
Un bar chez le couturier à la mode-
c'est à ce tout petit bar que viennent s'accouder entre deux essayages, les jolies clientes américaines . .
Midinette aux tuileries,
il faut les rejoindre à midi, où elles distribuent les miettes de leur léger repas au petits pierrots . . .
Chez les Vikings, on y déguste la poule des neiges ou un filet de renne. . .
Le matin aux Halles
Les Montparnos -
sur dix rangs de chaises et de tables pressées, une étrange bohème exotique de tout poil et de toute couleur, boit, discute d'art, avec des mimiques de suvages, dans tous les dialectes du monde . . .
Le restaurant de la Mosquée , chez Brahim
Murs blanchis à la chaux, étoffes coloriées découpées en arceaux, larges coussins en cuir ouvragé, on déjeune sur un plateau de cuivre, Dans l'air rafraichi par le jet d'eau, qui murmure sa longue chanson au centre du patio, on goûte une cuisine embrasée . . le kifta kebal aux piments, le couscous au poivre rouge le tout arrosé d'un thé parfumé à la menthe et à l'eau de géranium . . .
Aux abattoirs " La tête de boeuf "
C'est là que l'on vient dévorer à belles dents de larges entrecôtes bien saignantes.
La bal de la rue Blomet-
Pour terminer toutes les soirées
C'était Bars et Cabarets en 1929 -
J'aurais aimé vous parler encore et encore de ces Bars d'un temps lointain, mais je ne voulais pas faire un article abominablement long, que personne ne prendrait la peine de lire . . . et pourtant si vous saviez combien de détails amusants, bien choisis, sont là pour nous parler de cette " belle époque " dont le nom lui va si bien .
Ici dans ma ville cette " belle époque" a vraiment existé, il reste peu de témoins. . . mais les livres nous la décrivent merveilleuse
L'illustration numéro de Noël 1929